Essais

Violaine Sebillotte-Cuchet

Artémise

illustration

Chronique de Jérémie Banel

Librairie Libertalia (Montreuil)

Quelques lignes chez Hérodote, des traces dans les œuvres littéraires de son époque puis plus grand-chose. Artémise, capitaine de vaisseau grecque qui combattit du côté perse à Salamine, défie les cadres.

Modèle d’étude historique, cette biographie d’Artémise par Violaine Sebillotte Cuchet explore les mille et unes facettes de la vie si peu connue de cette reine d’Halicarnasse. En l’absence de sources autres que lacunaires, elle prend le parti pris de raconter, à travers les traces de sa vie, tout ce que l’Artémise que nous connaissons révèle. Ce faisant, elle explore tout à la fois les liens entre genre et sexe dans l’Antiquité grecque ainsi que la fluidité des « frontières » entre grecs et perses. En convoquant autant les Amazones que Thucydide, elle interroge les différents horizons possibles pour les femmes à l’époque, réels ou imaginaires. C’est donc une histoire bien plus ouverte que l’on découvre, débarrassée de plus de 2000 ans de réécritures et d’incompréhension. Comme bien souvent avec les personnages qui sortent de la norme (ou prétendue telle) d’une époque donnée, ils sont lus à travers des prismes déformants. C’est en mobilisant une somme de connaissances variées que l’autrice parvient à redonner à Artémise sa densité et son épaisseur historiques. Et loin d’être une curiosité historique, même si son parcours est à certains points de vue unique, elle incarne au fil du livre les différentes facettes des femmes de son époque. Loin d’être une autre biographie de « femme puissante » détachée des contingences et cadres sociaux de son époque, Artémise, vraie héroïne, devient une grille de lecture d’une époque et d’une société que nous ne connaissons, au final pas si bien. Cette lecture passionnante ravive la vie, la mémoire et la légende d’une « figure populaire dans l’Antiquité » et ne peut que nous réjouir.

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