Littérature étrangère

Francesca Melandri

Eva dort

Chronique de Marie Hirigoyen

Librairie Hirigoyen (Bayonne)

« Tu te sens plus italienne ou plus allemande ? » Piégée par cette question qui lui est posée sans cesse, Eva résiste à réconcilier en elle les deux cultures dont elle est le fruit. Dans le train qui l’emmène à Reggio de Calabre, elle s’approprie « cette Italie si longue, splendide, défigurée, couverte de fleurs, de monuments, de bâtiments illégaux ». Alors que le pays se déploie sous ses yeux, elle revient sur ses racines agrippées aux alpages, là où, les jours de fête, les hommes portent le chapeau de feutre à plume de coq de bruyère et les femmes, vêtues du dirndl traditionnel, roulent leur tresse blonde autour de leur tête. Une géographie mais deux histoires, deux langues, deux noms : Alto Adigio du point de vue italien, Südtirol du point de vue allemand. La mémoire familiale d’Eva épouse celle d’un peuple tiraillé par les caprices de l’Histoire. En 1919, suite au traité de paix, l’Italie hérite de « ce bout d’Alpes, butin inattendu », en guise de représailles des Alliés vis-à-vis de feu l’empire d’Autriche.

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