Littérature française

Dalibor Frioux

Incident voyageurs

illustration
photo libraire

Chronique de Aurélie Paschal

Pigiste ()

Si le premier roman de Dalibor Frioux avait marqué les esprits, le deuxième risque fort de produire les mêmes effets. Fort et poignant, angoissant et oppressant, Incident voyageurs nous entraîne dans un univers clos et anxiogène. Une plongée dont le lecteur ne sortira pas indemne. L’auteur n’aime rien mieux que nous confronter à nos peurs et déranger notre confort. Il le prouve une nouvelle fois.
Dalibor Frioux nous entraîne au cœur d’un wagon d’une ligne de RER coincé dans un tunnel. Incident voyageurs raconte les deux premières années de cet enfermement dont on ne connaîtra pas la durée. Rapidement, les montres s’arrêtent, les batteries des portables sont déchargées et les passagers se retrouvent enfermés dans ce lieu confiné. Afin de garder un lien avec l’extérieur, les protagonistes imaginent des lettres qu’ils pourraient écrire à leurs proches ou à de simples connaissances. N’ayant aucun instrument pour écrire, ni stylo, ni papier, ces lettres sont rêvées. A l’aide de ces mots qui s’envolent, ils livrent leurs angoisses, leurs interrogations. Une introspection qui n’a en réalité aucun destinataire si ce n’est eux-mêmes. À la lecture du roman, le lecteur pense immédiatement qu’il a dû y avoir une catastrophe à la surface, comme le pense d’ailleurs la mère du petit garçon. Mais il ne connaît pas les raisons de cet arrêt brutal. Il est bloqué avec les passagers, à la fois dans leur tête et dans le wagon avec eux. Même le lecteur ne peut pas prendre de recul. Un très beau roman qui nous fait réfléchir sur notre société.
 

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