Littérature étrangère

Francesca Melandri

Tous, sauf moi

Chronique de Linda Pommereul

Librairie Doucet (Le Mans)

Avec Tous, sauf moi, Francesca Melandri libère les fantômes de l’Histoire. Ilaria découvre sur le seuil de sa porte un jeune éthiopien qui dit être son neveu. Troublée par cette annonce, elle va enquêter sur son père et éclairer les zones d’ombre d’un passé trouble. Ce roman-fresque raconte superbement les failles d’un homme qui a réussi et qui est rattrapé par ses démons. Un récit construit pour réveiller les mémoires, notamment dans la mise en lumière des atrocités commises par les chemises noires de Mussolini. Un texte où gronde la révolte, où le destin d’une famille se joue, anéantie par le poids des révélations. Un récit qui parle de l’Italie et de l’Ethiopie, de leur destin commun, du sang qui abreuve le sol. Histoire de guerre et de colonialisme qui va broyer des vies, écraser des êtres. Le sujet est grave mais l’écriture sobre de Francesca Melandri est silencieuse, distillée tantôt âprement, tantôt avec douceur, et laisse le lecteur immergé dans un flot d’émotions contradictoires. Le récit alterne entre passé et présent dans une narration bouleversante, portée par la qualité de la documentation historique. Trois générations qui subiront le drame, qui partageront le destin d’une Italie gangrenée par la fureur de ce conflit dont elle n’assume pas l’horreur et la violence.

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