Littérature française

Jean-Louis Fournier

Trop

photo libraire

Chronique de Xavier Cerf

Pigiste A SUPPRIMER 2 ()

Comme à son habitude, l’écrivain calaisien n’a pas la plume dans sa poche. Cette fois, c’est la société de consommation qui en prend pour son grade. Intelligent et drôle.

« Trop, c’est trop ». À la fin de chaque chapitre, l’expression noircit une page entière du livre. Trop de quoi, au juste ? Trop de tout ou presque : ainsi, trop d’écrivains, trop de produits ménagers, trop de poubelles, trop de journaux, trop d’écrans, trop de savons, trop d’argent, trop de pains, trop de… gris et de bleus ! À 75 ans, Jean-Louis Fournier n’a rien perdu de sa verve humoristique et contestataire. Récompensé du prix Femina pour son livre Où on va, papa ? (Stock, 2008), roman largement autobiographique, l’auteur change radicalement de forme et de fond dans son dernier ouvrage afin de s’attaquer à la société de consommation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Loin cependant de donner des leçons de morale, celui qui est aussi cinéaste et, accessoirement, le créateur de La Noiraude, se veut avant tout ironique, parfois désinvolte, pour mieux nous inviter à réfléchir à la surabondance de biens et son corollaire, la consommation à outrance. Ces deux composantes indissociables de notre époque rendent-elles les gens plus heureux ? Selon l’auteur, sûrement pas. Et comme le disait Gérard de Nerval, cité en exergue : « Trop ne vaut rien ». À vous de vous forger votre propre opinion.

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